Cinq ans après le début de la pandémie de COVID-19, les foyers de soins du Nouveau-Brunswick, durement touchés par le virus, assurent avoir tiré des leçons de la pandémie, mais des failles demeurent dans le système.
En septembre 2023, le vérificateur général du Nouveau-Brunswick indiquait qu'à cause du manque de ressources, de préparation et de financement, les foyers de soins ont été incapables de contrôler la propagation de la COVID-19.
Plusieurs employés avaient également admis au vérificateur général ne pas avoir été suffisamment formés à l'utilisation de l’équipement de protection individuelle.
Pendant la pandémie, la Villa Providence à Shediac était dans une situation « assez critique », comme le disait à l'époque Ronald LeBlanc, le PDG de l'établissement.
Au pire de la crise, le foyer était à court de personnel, jusqu'à 75 % des employés étaient malades et de nombreux résidents étaient aussi atteints par le virus. Il craignait de venir à bout du stock de médicaments.
Aujourd'hui l'établissement est sorti de la crise et la situation s'est améliorée, selon Ronald LeBlanc. En premier lieu, l’établissement s'assure désormais de former tous les nouveaux employés à l’utilisation des équipements de protection.
On faisait pas ça avant. Aujourd'hui, on le fait. On prépare vraiment les employés à si jamais ceci [une épidémie] arrive de nouveau. Tandis qu'avant on apprenait à mesure qu'on avançait parce qu'on savait pas. [...] À c't'heure, on est beaucoup mieux préparés
, croit Ronald LeBlanc qui gère également le Réseau de vie Confort qui possède six foyers de soins, dont la Villa Providence.
Il explique que depuis la pandémie, l'établissement garde désormais un stock de fournitures comme des masques et de blouses de protection ainsi que de la nourriture sur un mois pour parer à toute éventualité.
Avant c’était deux semaines. On vivait avec deux semaines pendant toutes ces années-là. Mais la COVID nous a dit non, il faut changer nos méthodes
, explique Ronald LeBlanc, le PDG du Réseau de vie Confort.
Construite dans les années 1970, la Villa Providence va fermer les portes de son édifice actuel pour s'installer dans de nouveaux locaux en septembre. La disposition du foyer a participé à la propagation du virus.
Selon le vérificateur général, les foyers construits avant 2011 ne respectaient pas les normes de construction. En 2023, ils représentaient 73 % des établissements de la province.
Certains employés devaient passer plusieurs zones pour se rendre dans leur unité, en se changeant à chaque fois. Le PDG souligne qu'une telle chose ne produirait pas dans les foyers de soins modernes.
Dans le nouvel édifice, qui compte 190 lits, chaque unité est indépendante. En cas de pandémie, tu peux fermer une unité ou il y a une éclosion pour limiter sa propagation
, précise-t-il.
Deux autres foyers de 60 lits chacun, qui répondent aux mêmes normes, sont également en construction à Saint-Antoine et Bathurst.
Le manque de main-d'œuvre était l'un des principaux problèmes auxquels les foyers de soins ont fait face. Aujourd’hui encore, le défi demeure.
Moi, ma principale peur c’est seulement la main-d'œuvre. Si jamais on a une autre pandémie, ou est-ce qu’on va trouver la main-d'œuvre pour venir en renfort?
, s’interroge Monica Gosselin, propriétaire du foyer de soins spéciaux la Résidence aux Mésanges à Sainte-Rose dans la Péninsule acadienne.
Pour Ronald LeBlanc, même s'il parvient à recruter des travailleurs à l’étranger, il se dit toujours limité au nouveau des ressources humaines
.
Le problème, ce sont les heures subventionnées par le gouvernement. On n’en a pas assez. Le ministère finance 3,3 heures de soins pour chaque résident par jour. C'est sûr qu’on demande plus d'heures de soins financées
, affirme-t-il.
À l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick, on garde un mauvais souvenir de la COVID. Si de nombreux aînés ont perdu la vie dans cette pandémie sans pouvoir être entourés de leurs familles, beaucoup d’autres ont difficilement vécu l’isolement, l'incertitude et la peur, raconte Norma Dubé, la présidente.
Vieillir dans le respect et la dignité est un droit, rappelle-t-elle. Pour ce faire, la présidente de l ’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick invite le gouvernement à revoir sa copie et à investir dans les services offerts aux aînés à domicile.
Ce n'est pas nécessairement de construire de plus en plus d'établissements de soins de longues durées. On en aura toujours besoin parce qu'à un moment donné l'aîné devient très vulnérable et a besoin de soins beaucoup plus avancés. Mais ce n'est pas le cas de la majorité des aînés. La majorité des aînés sont chez eux et veulent rester et demeurer chez eux
, conclut Norma Dubé.
Avec des informations de Réal Fradette
2025-03-12T08:55:46Z